JIL Fatima Mernissi se clôture avec la Remise des Prix du Meilleur Policy Paper pour la saison 2023-2024


Le Centre Menassat a organisé la cérémonie de clôture du programme JIL Fatima Mernissi en date du 18 Mai 2024 à l’hôtel Campanile Casablanca.


L’activité s’est tenue en présence effective du directeur de Menassat AZIZ MECHOUAT, des membres JIL dans sa 3ème version, de plusieurs professeurs chercheurs du centre, dont essentiellement ABDERRAHMANE ZAKRITI, MOHCINE MOHAMMED RAHOUTI ET BOUCHAIL MAJDOUL. L’activité a aussi connu la présence du consultant du centre  RACHID AOURRAZ qui est également expert international dans la rédaction des Policy Papers, et membre du MIPA Institut, ainsi que de SAMIRA TAZROUT lauréate du programme JIL dans sa 1 ère version, en plus d’autres lauréats des versions précédentes du même programme.

 

Une première partie de l’activité, a été dédiée à la présentation des différents Policy Papers réalisés à l’issue du programme par les participants (es). Dans ce sens,  cinq billets ont été présentés simultanément comprenant des thématiques puisés de la recherche quantitative autour des « Femmes, Espace Public et Libertés Individuelles, qui a été réalisée à l’échelle nationale et dont les participants (es) ont bel et bien pris part.

 

Il est à rappeler que les participants de cette version ont bénéficié de plusieurs cycles de formations tant dans le volet pratique que le volet théorique autour des techniques du plaidoyer, ayant débouché sur la réalisation des Policy Papers. En parallèle, plusieurs autres formations ont été également assurées par des académiciens, sociologues, chercheurs et experts de renommée internationale dans divers domaines , et ce tout au long d’une année, dans les techniques de recherche sur le terrain, mais aussi les outils et méthodologies puisés dans des démarches scientifiques approuvées.

 

C’est ainsi que pour couronner toute une année d’efforts et de travail engagé, l’activité a connu la remise des prix du meilleur Policy Paper: Le 1er prix a été départagé entre un billet autour du «Droit de tutelle de la femme sur ses enfants : Nécessité d'une représentation juridique conjointe et équitable entre le père et la mère » et le billet autour de «L’expérience génétique comme preuve de la filiation des enfants hors mariage. La stigmatisation sociale des enfants sans filiation ». Tandis que le 2ème prix a été octroyé au billet  intitulé : «L’interdiction d’accès des femmes  aux  hôtels sis à leur ville de résidence : Lorsque la coutume l’emporte sur la loi ». Le 3ème et 4ème prix sont revenus respectivement au billet : «Le Système d’héritage par Agnation : garantit-il les droits des femmes ou les entrave-t-il ? » et  celui autour de : «L’Emploi des femmes au Maroc : l’efficacité des lois mise en jeu ».


Aali Outcharraft : L’expertise génétique comme preuve de la filiation des enfants hors mariage. Stigmatisation sociale des enfants sans filiation. » ( Yousra El-Msaki - Kawtar Tarbouch)

À travers ce billet, le chercheur aborde la question de la privation des enfants nés hors mariage de leurs droits au lignage, en soulignant que le fait de ne pas adopter l'expertise génétique pour déterminer le lignage augmente le phénomène des enfants abandonnés. Par conséquent, selon l’orateur, l'expertise génétique doit être approuvée dans la loi concernant la détermination de la filiation afin de  réduire la propagation de ce phénomène. Aussi bien qu’il faut donner aux enfants tous leurs droits fondamentaux, et ce indépendamment qu’ils soient nés hors mariage ou non.

 

Latifa Gounbark : Le droit de tutelle de la femme sur ses enfants : la nécessité d’une représentation légale conjointe et équitable entre le père et la mère » ( Ashraf Amhaouch - Zakia Hamdi - Mohamed Oubella

Pour sa part, Latifa Gounbark a abordé l'injustice affectant les droits des femmes en matière de tutelle des enfants, en mettant en lumière la discrimination dont elles souffrent. Dans ce sens, la chercheure appelle à l’amendement des articles 236 et 238 du Code de la famille, qui accordent au père la tutelle légale sur ses enfants, ce qui se contredit avec le contenu des articles 51 et 54 de la Moudawana, qui stipulent que les conjoints doivent s'occuper conjointement des enfants. Latifa conclut que ces articles devraient être amendés, afin de permettre à la mère, au même titre que le père d'avoir la tutelle des enfants tout en tenant compte de l'intérêt suprême de ces derniers.

 

Halima Oulmaati : Interdire l’Accès des femmes aux  hôtels sis dans leur ville de résidence : Lorsque la coutume l'emporte sur la loi. » (Zakaria Bouhera - Rachid Zaafarane)

À travers son billet, Halima a abordé le phénomène de discrimination légalement injustifiée à l'égard des femmes concernant l'accès aux hôtels sis au même  lieu de leur résidence, ce qui entache la réputation, l'image et les droits  des femmes, et porte atteinte à leur liberté au même titre qu’à leur sécurité. C’est dans ce sens que Halima suggère dans son billet,  de modifier les dispositions ambiguës de la loi afin de garantir l'égalité des sexes, à travers notamment,  la publication d’un mémorandum interdisant cette discrimination. Mais en plus,  elle propose de mener des campagnes de  sensibilisation des femmes autour de  leurs droits à travers les médias,  les organisations et les associations de la société civile.

 

Ayoub El Kysy : Le Système d’héritage par Agnation : garantit-il les droits des femmes ou les entrave-t-il ? »

Le billet réalisé par Ayoub  El Kysy aborde la question du système d’héritage par agnation dans le code de la famille et son impact négatif, tant qu’il favorise le maintien des inégalités entre les sexes lors de la répartition de l'héritage. Ayoub a mis le point sur les effets sociaux et économiques néfastes de ce système sur les femmes, tout en soulignant qu'il impacte sur la mise en vigueur de la justice et de l'égalité entre les sexes au sein de la société marocaine. Il propose, en conséquence, d'adopter le système du « testament » comme base de partage de l'héritage et de définir un cadre juridique qui protège les droits des femmes à l'héritage.


Ismail Chaou : L’emploi des Femmes  au Maroc : L’efficacité des Lois mise en jeu »

Dans un contexte connexe, Ismail Chaou a révélé dans son billet les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes sur le marché du travail. Un marché qui dit-il  repose sur la discrimination fondée sur le genre, notamment en matière de salaires. Selon les statistiques du Haut-Commissariat au Plan, Ismail  affirme que 91% de l'écart salarial entre hommes et femmes est dû à la discrimination fondée sur le genre. Dans ce sens, il souligne l'importance de mettre en œuvre la Convention n°156 de l'Organisation Internationale du Travail, de créer une cohérence entre les lois et les textes réglementaires. Il appelle aussi à mettre en place des campagnes de sensibilisation et de formation dans les institutions et les entreprises dans le but de lutter contre les discriminations à l'égard des femmes.

                                                               

Pour rappel, les Policy Papers présentés ont été réalisés à l’issue du Programme JIL dans sa  troisième édition portant le nom Fatima Mernissi, et qui s’est clôturé en l’occurrence par la remise des prix et des attestations aux lauréats.  JIL est un programme lancé par le Centre Menassat pour les Recherches et les Etudes au profit des étudiants chercheurs marocains en sciences sociales. À travers ce programme, Menassat vise à renforcer les compétences des chercheurs, et à consolider leurs savoirs, en les initiant entre autre, à la rédaction des Policy Papers. Le programme est organisé sous forme de sessions de formations s’étalant sur une année, alliant les savoirs théoriques et pratiques, notamment, en organisant des ateliers de formations animées par une panoplie d’académiciens et d’ experts de renommée dans le domaine de la recherche scientifique.  L’objectif ultime du Programme JIL est surtout d’impliquer les jeunes chercheurs dans les débats sociétaux, de dialoguer avec les acteurs institutionnels en usant des techniques du plaidoyer. Il s’agit aussi de les inciter à prendre part aux décisions autour des politiques publiques, vers tout ce qui contribue au développement rationnel et scientifique de la société marocaine.